"HISTOIRE MECONNUE DE MA VALLEE", de Bernard PERRIN ; Pont-Saint-Vintent, Tome II, p. 71
Les habitants de Pont-Saint-Vincent furent sans doute nombreux à suivre Napoléon Ier à travers l'Europe. L'un d'entre eux, Jean-Joseph Dugrain, se trouvait à la bataille d'Austerlitz le 2 décembre 1805.
Au soir de cette grande victoire, du château de cette ville, l'Empereur lançait à ses troupes sa proclamation demeurée célèbre :
" SoIdats, je suis content de vous.. lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous raménerai en France. Là, vous serez l'objet de mes plus tendres sollicitudes. Mon peuple vous recevra avec joie, et il vous suffira de dire : « J'étais à Austerlitz », pour que l'on vous réponde : « Voici un brave ! » "
Pour récompenser ses soldats, Napoléon Ier avait en effet le droit de «disposer de son domaine extraordinaire». Il n'oubliait pas sa promesse, faite au soir du 2 décembre 1805.
Par décrets du 3 décembre 1809 et du 17 août 1810, il accordait en particulier au canonnier Jean-Joseph Dugrain du «Sixième Régiment d'Artillerie à cheval», une rente annuelle de 500 francs or.
Cette rente était « transmise à la descendance directe et légitime, naturelle ou adoptive. de mâle en mâle, par ordre de progéniture ». Les 80 dotations aux héros d'Austerlitz, qui subsistaient encore en 1964, avaient été constituées sur les actions de la Compagnie du Canal du Midi et de la Compagnie des Canaux d'Orléans et de Loing, mais la rente annuelle se trouvait réduite à 5,71 francs, alors qu'en 1810, elle assurait l'éducation d'un enfant.
Selon la tradition orale qui subsiste toujours dans la famille Dugrain, le canonnier aurait eu à choisir entre deux solutions : le versement de la rente ou l'attribution de terres. Mais celles-ci pouvaient être situées dans n'importe quelle région de l'Empire. Très attaché à son village natal, Jean-Joseph Dugrain opta pour la première solution.
Malgré ses longues courses à travers l'Europe, le canonnier jouit de cette rente durant un demi-siècle. II mourut en 1860. Son fils Jean-Joseph hérita, puis à la mort de ce dernier en 1897, la rente était transmise à son fils Paul-Marie-Auguste Dugrain.
En 1911, au décès du troisième dotataire, Maurice Albert Dugrain né en 1898, seul « descendant mâle direct », était à son tour héritier des bienfaits de Napoléon Ier.
Aujourd'hui, Monsieur André Dugrain domicilié à Château-Salins est devenu à la mort de son père, Maurice Dugrain, théoriquement titulaire de cette rente... honorifique.