AUTREY.

Les communes de la Meurthe, journal historique des villes, bourgs, villages, hameaux et censes de ce département, par Henri Lepage. 1853.

L'Histoire de Metz rapporte qu'Adalberon II, qui fut évêque de cette ville, de 984 à 1005, pour se venger des seigneurs qui vexaient son peuple et exerçaient des ravages sur ses terres, détruisit les forteresses d'Autrey, Lanfrecourt et Vandœuvre, qui appartenaient à Thierry, à Evrelin et au comte Berault.

En 1246, Hugues, comte de Vaudémont, donne une déclaration portant que Rodolphe, seigneur d'Autrey (de Autereis), son homme-lige, a donné en aumône à Dieu, à la sainte Vierge de Clairlieu et aux frères dudit Clairlieu, ce qui lui appartenait ez dîmes d'Autrey et le droit de collation et patronage de l'église de ce lieu. Cette donation fut confirmée, à la même époque, par l'évêque de Toul. (Abb. de Clairlieu.)

Au mois de janvier 1260, Henri, comte de Vaudémont, déclare que comme messire Rous d'Autrey, chevalier, et Bietrix, sa femme, ont donné en aumône à l'église et aux frères de Clairlieu les dîmes d'Autré, par son consentement, et que ceux-ci les ont vendues, pour le profit de leur église, à Simon, Thomas et Vuarin frères, de Dommartin, chanoines de Toul, lui, comte, approuve ledit vendage et reconnaît qu'il est tenu de garantir et défendre envers tous, auxdits frères et à l'église de Clairlieu, les dîmes devant nommées.

En 1272, Epvrard, sieur de Vandières, et Marguerite, sa femme, ratifient la donation des dîmes et du patronage d'Autrey, faite à l'abbaye de Clairlieu par les père et mère de ladite Marguerite.

On trouve des dénombrements de la seigneurie d'Autrey, donnés, soit aux ducs de Lorraine, soit aux comtes de Vaudémont, par Jean de Broces (1290) ; Alix, veuve de Jean d'Autrey (1349) ; Jean de Bouxières (1403) ; Gérard du Chastellet (1442) ; Simonin de Saint-Menges (1451).

Par lettres du mardi après la Sainte-Luce (décembre) 1310, Henri, comte de Vaudémont, donne à Pierre de Bauffremont, chevalier, seigneur de Réméréville, et à Marguerite d'Autrey, sa femme, l'affouage de leur four d'Autrey ez bois de Vitrey, à charge d'hommage et en récompense de services. (T. C. Vaudemont domaine.)

Le 20 septembre 1457, Collard Rohault, bailli de Vaudémont, d'après la commission qu'il en avait reçue d'Antoine de Lorraine, comte de Vaudémont, saisit les châteaux et revenus de la terre et seigneurie d'Autrey, acquis audit comte par le décès de Simonin de Saint-Menges, seigneur d'Autrey, dont Jean d'Orne, Erard Pasparguet et Robert du Fay s'étaient emparés, se disant héritiers dudit Simonin. (T. C. Vaudémont domaine).

Il paraîtrait, d'après d'autres titres que la portion de la terre d'Autrey, que possédaient ces seigneurs, leur fut confisquée pour crime de félonie et de désobéissance. Un seul des héritiers de Simonin de Saint-Menges, l'époux de sa sœur Isabelle, Jean de Toulon, resta possesseur de la part qui lui était obvenue dans cet héritage, et, le 12 décembre 1438, il fit ses reprises de Ferry de Lorraine, comte de Vaudémont et sénéchal de Champagne, pour les château, forteresse, terre et seigneurie d'Autrey. (T. C. Vaudémont fiefs.)

En 1486, il y eut permutation de la cure ou vicariat de l'église d'Autrey contre un vicariat et chapelle de l'église collégiale Saint-Georges de Nancy. En 1490, Antoine de Neufchâtel, évêque de Toul, unit et incorpora une chapelle et lieu dit Manille, près l'église d'Autrey, sous le nom d'Autrey la Petite, à l'église paroissiale d'Autrey, sous le nom Autrey la Grande. (Abb. de Clairlieu.) Depuis l'époque rappelée dans le titre qui précède, il n'est plus fait mention de cette chapelle ni de ce lieu de Manille ou Ménil ; ce qui doit faire présumer qu'ils furent ruinés ou réunis à Autrey, pour ne plus former avec lui qu'un seul et même village.

Le 8 mars 1502, Evrard de Haraucourt, seigneur de Germiny et bailli de Nancy, fait foi et hommage, entre les mains de René II, pour ce qu'il tient de lui à Vandelainville, Courcelles, Blémerey, Fresnel, Fraisnes, Rouvres, Autrey et gagnage à Houdreville. (Cart. Vaudémont fiefs.)

Le 21 juillet 1571, Louis des Armoises donne son dénombrement pour les châteaux, terres et seigneuries d'Autrey, Boussainville (Bouzanville) et dépendances, et un fief avec une maison au village de Hammeville.

Le 10 juillet 1599, Barbe de Salm, abbesse de Remiremont, dame d'Autrey, donne son dénombrement au duc Charles, pour les terre, seigneurie, château et maison forte d'Autrey, avec leurs dépendances et autres droits au même lieu. (T. C. Vaudémont fiefs.)

Par un acte du 5 décembre 1681, les maire et lieutenant de maire d'Autrey déclarent former opposition à un dénombrement donné par l'abbaye de Clairlieu pour son domaine d'Autrey, pour être dû par l'abbaye, comme curé primitif de ce lieu, a tous les habitants d'Autrey, un paste lors de la réception du sieur abbé. (Abb. de Clairlieu.)

Le 22 octobre 1711, Jean Léonard Bourcier, chevalier, conseiller d'Etat de S. A. R. et son procureur général en sa Cour Souveraine, confesse tenir à foi et hommage-lige, de sa dite A. R., la terre et seigneurie d'Autrey, dont il était propriétaire à titre d'acquisition faite de S. A., qui l'avait rachetée de messire Henri, comte de Mansfeld, conseiller d'Etat de l'empereur, et de demoiselles Eléonore et Marianne, comtesses de Mansfeld, ses filles, par acte en forme de contrat de vente, du 28 avril 1700 ; ladite terre provenant originairement de Barbe de Salm, abbesse de Remiremont, qui l'avait achetée de messire François des Armoises, lequel la possédait du chef de ses ancêtres. (Cure d'Autrey.)

Il résulte d'une requête présentée au duc Léopold par le sieur Jean Godot, admodiateur des rentes et revenus de la terre et seigneurie d'Autrey, que, dans la nuit du 14 juillet 1711, un incendie consuma non seulement les bâtiments du château, mais encore les grains, fourrages meubles et effets qui y étaient renfermés. (Ent. 1714-16.)

Ainsi que je l'ai dit précédemment, la collation de la cure d'Autrey appartenait à l'abbaye de Clairlieu, en vertu d'une donation faite en 1246. Cette cure, ainsi que l'église paroissiale, furent, par bulle du pape Clément VII, du 6 mars 1532, unies, annexées et incorporées à la même abbaye, " d'abord que ladite cure viendrait à vaquer, avec permission à l'abbé et audit couvent de prendre librement et de leur propre autorité et pour toujours, possession de ladite église d'Autrey, des droits, appartenances et dépendances d'icelle, de conserver ladite possession et même d'en convertir les fruits, revenus et émoluments pour leur usage et utilité et pour celle de leur église et monastère, et de faire faire le service divin en ladite église d'Autrey par un de leurs religieux ou autre prêtre ayant les qualités requises, qu'ils pourraient y établir et destituer à leur volonté, avec pouvoir de lui conférer la charge et le soin des âmes et des paroissiens dudit Autrey, sans être obligés de demander à ce sujet la permission à l'évêque diocésain ni à qui que ce soit. "

On lit dans une déclaration des rentes et revenus de l'église d'Autrey, rédigée par M. Chappitrey, curé dudit lieu, le 8 octobre 1615 : " Au premier chef, ladite église est érigée au nom de la glorieuse vierge Marie.... Quant au sacrement de l'église, il n'y a rien pour l'administration de la sainte Eucharistie, ni celui d'extrême-onction ; pour le sacrement de baptême, je reçois 6 deniers ; pour le relevage de la femme, 5 gros ; pour la bénédiction des fonts, une tarte ou 9 gros ; pour les enfants qui meurent en bas-âge, 6 gros ; trois dimanches suivants après, les parents apportent trois pains de chacun un sol, et suis obligé de dire une messe. Pour l'administration du sacrement de mariage, quand je reçois les premières promesses, l'on me donne une poule ; pour les épousailles, 6 gros et une paire de gants, et pour la délivrance, 50 gros. Quant au mortuaire, pour l'enterrement, 50 gros, et pour les services il n'y a rien d'arrêté, l'on donne selon sa commodité ; et pour les offrandes, l'époux et la femme doivent par an 9 deniers ; pour ceux qui veulent être inhumés au chœur ou à la nef de l'église il n'y a rien de déterminé..."

En 1618, l'église d'Autrey menaçant ruine, le comte de Vaudémont offrit d'en faire rebâtir le chœur de fond en comble, moyennant la cession d'une place maisière joignant le cimetière du côté du village, appartenant aux religieux de Clairlieu. Ceux-ci, assemblés capitulairement, le 20 mars de cette année, acceptèrent la proposition qui leur était faite.

Il existait, depuis un temps immémorial, dans l'église d'Autrey, deux confréries, l'une en l'honneur de saint Joseph, l'autre sous l'invocation de la Vierge en sa Conception. Les titres de ces confréries ayant été perdus pendant les guerres, M. du Saussay, évêque de Toul, donna aux habitants d'Autrey, en 1666, une ordonnance par laquelle il reconnut l'existence de ces pieuses institutions. Par une bulle datée du 16 juin 1670, le pape Clément X confirme le rétablissement de ces deux confréries et accorde des indulgences aux fidèles qui en feront partie. Le Souverain Pontife donne, en outre, à tous prêtres séculiers ou réguliers qui célébreront la sainte messe devant l'autel érigé en l'honneur du glorieux saint Joseph, en l'église d'Autrey, pour le repos de l’âme d'un des confrères ou sœurs décédés en la grâce de bien, pouvoir de la délivrer à l'instant des peines du purgatoire, et ce par forme d'indulgence. Les statuts de ces deux confréries nous ont été conservés.

Il résulte de la déclaration fournie, en 1700, par la communauté d'Autrey, que les habitants de ce lieu possédaient en commun, avec ceux de Pierreville, un droit d'usage dans un bois rapaille appelé la Fourasse d'Autrey, situé sur le ban de Flavigny, et contenant environ 60 arpents, pour lequel droit ils payaient annuellement à la communauté de Flavigny six deniers barrois de cens par chaque habitant.

Le château d'Autrey, qui, comme je l'ai dit plus haut, fut détruit par un incendie dans les premières années du XVIIIe siècle, renfermait, dans ses dépendances, un jardin que les ducs de Lorraine entretenaient avec soin et qu'ils avaient peuplé d'arbres rares. En 1607, ainsi que l'attestent les comptes du Trésorier général, une somme de 960 francs fut délivrée à un nommé " Baptiste Bruant, du lac de Cosme, pour 40 arbres, tant orangers, limons que cèdres, que Monseigneur a achetés de lui pour envoyer en son jardin d'Autrey. " En 1608, des dépenses assez considérables furent consacrées " aux réfections des bâtiments faits tant au château d'Autrey qu'au parterre de Monseigneur audit lieu. " Enfin, en 1625 et 1629, des réfections furent faites aux couvertures du château, aux murailles et aux fontaines du jardin d'Autrey.

Il paraît que nos ducs avaient établi, dans une partie des bâtiments de cette résidence princière, une sorte de magnanerie et de filature de soie. On trouve en effet dans les comptes que je viens de citer, et sous la date de 1625, la mention suivante :

" A M. Darconas, 136 francs qu'il a fournis à deux particuliers du duché de Milan qui ont apporté de la semence de vers à soie en ce lieu de Nancy. Aux sieurs Jean-Baptiste et Antoine Caust, milanais, 900 francs que Monseigneur leur a accordés, tant pour leurs vacations pendant quatre mois entiers qu'ils ont séjourné à Autrey pour y faire éclore les vers à soie sus-déclarés, les nourrir et faire filer la soie qu'ils y ont faite pendant cet été, que pour les frais de leur retour au duché de Milan. A Jean Melin, fondeur à Nancy, 100 francs 4 gros 8 deniers pour une grande chaudière de cuivre pesant 36 livres et demie, laquelle a été envoyée à Autrey pour servir à faire la susdite soie. "

En 1709, Autrey comptait 14 habitants, et en 1768, 42 feux.

Ce village a été érigé en succursale en 1802, avec Pierreville pour annexe.

Patron, la Nativité de la sainte Vierge.