Bainville sur Madon.

Les communes de la Meurthe, journal historique des villes, bourgs, villages, hameaux et censes de ce département, par Henri Lepage. 1853.

Il est fait mention de ce village sous les noms de Babanivilla, Bibanivilla, Bainvilla, dans la confirmation des biens de l'abbaye de Saint-Epvre par Charles-le-Chauve (870), dans la confirmation de la fondation de l'abbaye de Saint-Mansuy par le roi Othon (965), dans une charte de Conrad-le- Salique pour l'abbaye de Saint-Epvre (1033), et dans une bulle du pape Léon IX pour l'église de Toul

(1051). (H. T.).

En 1331, Thomas de Bourlémont, évêque de Toul, met sous la sauvegarde et protection d'Edouard, comte de Bar, les villages de Maizières (Maseres), Bainville et Xeuilley (Fullei) :

" Parmei ce que nous volons et nous plait tout le cours de nostre vie que chascun chies d'osteil desdictes villes paoit chascun an un jour de feste Sainct Martin d'hyver, audit Conte, douze deniers petits tournois viés ou à celui que li dit cuens estaublirait en ceste dicte garde. " (Cart. Evêques et cité de Toul.)

Par lettres du 18 décembre 1489, le duc René permet à Didier, meunier de Bainville, de faire un moulin et battant sur la rivière de Mauldon au lieu dit Anglehault, entre le moulin dudit Bainville et de Xeuilly, parmi une livre de cire et 20 resaux de blé à la recette de Nancy. (L. P. 1489.)

Le 15 mars 1565, Charles III fait don à vie à Barbe Fabry et Jean de Pernet, son fils, de vingt resaux de blé à prendre sur le neuf molin assis sur la rivière de Mauldon, entre Bainville et Xeuilley. (L. P. 1565-1566.)

Suivant la tradition, le village de Bainville, qui était considérable au commencement du XVIIe siècle, fut brûlé et ruiné par les Suédois, de 1630 à 1636. Il ne resta guère debout, ajoute-t-on, que la maison des Callot, laquelle avait été reconstruite en 1611 ; ce millésime se voit encore aujourd'hui sur la porte cochère, au-dessous des armoiries des Boulligny, qui les ont, sans doute, fait mettre à la place de celles des Callot, à l'époque où ils sont devenus propriétaires de la maison. Celle-ci appartenait, dans l'origine, au sieur Collinet, châtelain de Maizières, qui la vendit à Claude Callot, dont le fils, Jean, héraut d'armes de Lorraine, et père du graveur, la fit rebâtir. Il obtint de M. des Porcelets, évêque de Toul, le 7 avril 1614, des lettres patentes d'affranchissement pour cette maison, laquelle, est-il dit dans ces lettres, " il auroit prins peine, d'accroistre, augmenter et embellir, signamment en la construction et redification de la susdite maison, qu’il a ornée de plusieurs belles commodités, le tout à la décoration de nostre village de Bainville, à quoy il auroit consumé bonne et notable somme de deniers. " Ces lettres furent confirmées, en 1662, par M. du Saussaye, aussi évêque de Toul. Jacques Callot et Catherine Kuttinger, sa femme, en étaient devenus seuls propriétaires à la mort de leur père et beau-père, par suite d'un arrangement fait, en 1632, entr'eux et les autres héritiers. Elle resta dans leur famille jusqu'en 1667, époque où elle fut vendue à Gérard-Hyacinthe Collot, avocat à Nancy, l'un-des ancêtres de M. de Boulligny, le possesseur actuel. Cette maison renfermait une chapelle dans laquelle on célébrait la messe chaque semaine ; elle attenait, dit-on, à la chambre même dans laquelle travaillait l'immortel graveur.

Le 8 novembre 1406, le sieur Collinet et Aimard, son père, châtelains du château de Maizières, fondèrent dans l'église de Bainville une chapelle sous le titre de l'Annonciation Notre-Dame, stipulant " que celui qui sera chapellain de ladite chapelle, soit prebtre de faict ou en aige souffisant pour ce faire, pour mouvoir dedans l'an à ordre de prebtre, " et qu'en attendant il la fasse desservir par prêtre " idoine et souffisant. " Un acte de l'an 1587, relatif à cette chapelle, contient une particularité assez curieuse : on y voit qu'à cette époque, Jean Callot, le père de Jacques, en était pourvu, comme étant sur le point d'entrer dans les ordres ; mais qu'il abandonna ce projet pour épouser Renée Brunehault. Cette chapelle, qui était fermée par une balustrade supportant les armes des fondateurs, a été démolie lors de la reconstruction de l'église, en 1666. Elle continua néanmoins de subsister en titre, puisqu'on voit, par des actes émanés de l'évêque de Toul, les 14 mars, 14 avril et 30 juin 1807, qu'elle fut unie et incorporée au vicariat de Bainville. En 1768, la nomination du chapelain appartenait au curé de Maizières.

Les collateurs étaient anciennement les possesseurs de la maison dont il a été parlé plus haut.

On remarque, dans l'église de Bainville, en avant du sanctuaire, une grande pierre tumulaire sur laquelle se lit l'inscription suivante :

" Cy gisent Nicolas et Catherine les Callot, fils et fille de nobles conjoincts Jean Callot, héraut d'armes à Son Altesse, et Renée Brunehault, sa femme ; lesquels moururent l'un âgé de 7 mois et l'autre de 6 ans. 1611. Dieu leur fasse merci. "

De Bainville dépendait l'ermitage de Fontenel, placé sous l'invocation de sainte Anne.

On a trouvé, il y a quelques années, au sud de Bainville, à la distance d'environ un kilomètre de ce village, près d'un endroit appelé Château des Sarrazins et d'une mare toujours remplie d'eau, une tête en bronze avec des yeux en argent, surmontée de deux ailes dont l'une a été brisée. Cette tête, d'une exécution remarquable, et qui faisait très-probablement partie d'une statue, est celle d'un jeune homme ; les ailes, d'un travail bien inférieur, ont été, sans nul doute, ajoutées postérieurement, à une époque où les arts étaient en décadence. Suivant M. l'abbé Garo, ce morceau précieux, qui fait partie de sa collection, serait un ouvrage du Haut-Empire, et l'endroit où il a été trouvé aurait été anciennement une de ces villœ romaines que les conquérants de la Gaule construisaient toujours dans le voisinage des eaux, afin de pouvoir y établir des viviers. Les têtes en bronze avec des yeux d'argent n'avaient été jusqu'à présent trouvées qu'à Herculanum et à Pompéi.

Trois censes dépendent de Bainville : Les Baraques, composées de 8 maisons ; le Château-Fort et le Moulin, comprenant chacun une maison.

Bainville, qui avait été érigé en succursale en 1802, a été ensuite (1807) annexé à Maizières, dont il dépend encore aujourd'hui.

Patron, saint Martin.